Écrire des romances bestseller : les conseils de Morgane Moncomble

Aujourd’hui, je vous invite à plonger dans l’univers de la romance à travers le regard de Morgane Moncomble, une figure emblématique de la new romance chez Hugo Publishing. Dans cet article, je vous partage les moments forts de notre conversation, où Morgane nous livre ses expériences et ses conseils pour écrire un roman.

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans le lecteur ci-dessous.

Quelles sont les premières choses qui te viennent en tête quand tu commences un roman ?

Ça dépend. Pour chaque projet, ça peut être le concept, pas forcément l’intrigue d’abord, mais plus l’ambiance, peut être la esthétique parce que je suis très visuelle, ou peut-être juste un détail de l’histoire, une troupe aussi, mais en général c’est plutôt les personnages qui me viennent en premier et ensuite je me pose un peu plus sur l’intrigue. Mais avant de commencer à écrire, donc à rédiger, j’ai toujours un plan.

Alors déjà, je fais beaucoup de fiches personnages qui sont très détaillées, même si en général je n’utilise que 10 % lors de l’écriture, mais au moins je sais tout. Donc donc voilà, ça permet aussi d’absorber vraiment la personnalité de mes personnages et ça, c’est hyper important, C’est vraiment ce que je chouchoute le plus. Donc les fiches personnages. Et ensuite j’avais vraiment un tableau Excel ou Google Sheets où je mets sur plusieurs colonnes à la fois mes chapitres avec un résumé de chaque chapitre plus par exemple pour Un automne pour te pardonner, il y avait beaucoup de choses à prendre en compte.

Il y avait à la fois la romance, mais aussi l’enquête policière, les indices. Enfin c’était vraiment un bordel et du coup il fallait que je mette ok, colonne indices. À tel chapitre, il y a l’arrivée de ceci, à tel chapitre, il y a cela. Donc c’était compliqué à mettre en place. Et ensuite, forcément, il y a la romance. Donc il faut détailler aussi les différentes étapes de la romance, comment ça évolue. Le premier baiser, le premier contact physique, ce genre de choses. Donc, je planifie tout et après je commence l’écriture. Et du coup, c’est vrai que c’est la plupart du temps on se dit c’est un peu triste parce que du coup tu ne laisses pas place à la surprise. Mais en vérité, au fil de l’écriture, il y a énormément de choses qui changent. Donc je me fais quand même pas mal surprendre par mes propres personnages qui parfois prennent vie et me disent : « Non, non, non, moi je ne suis pas comme ça, tu as décidé de ça ? Mais je ne suis pas du tout d’accord. »

Est-ce que d’ailleurs tu t’es déjà laissée surprendre par un plot twist ?

Oui, oui. D’ailleurs Un automne pour te pardonner le plot twist, donc la révélation du tueur, etc., ce n’était pas du tout censé être ça à la base. C’est assez étonnant, mais j’ai commencé à écrire avec quelque chose de totalement différent en tête et j’avais écrit quand même bien 100/130 pages. Mais j’étais dans la douche (et dans la douche, c’est là où j’ai mes meilleures idées en général), j’étais en train de réfléchir à mon histoire et là, j’ai eu une idée et je me suis dit : « Ce serait horrible, mais ce serait trop trop bien ». Donc je me suis dit : « Mais c’est vraiment, c’est hyper sadique, mais si j’arrive à le faire, ce serait du génie ! ». Et du coup j’ai changé toute mon histoire et je l’ai fait et ça a fonctionné.

Pour toi, qu’est-ce qui fait une bonne romance ?

Je ne suis pas vraiment les codes, honnêtement. Peut être que je suis dedans, mais en tout cas je ne m’en rends pas forcément compte. Ce n’est pas volontaire. J’écris au feeling.

Et justement, je pense qu’une bonne romance, ce n’est justement pas de se poser ce genre de questions où parfois ça m’arrive. J’ai un peu ce truc, ce truc un peu chiant où je me dis par exemple si j’ai écrit 300 pages et qu’il ne se passe toujours rien, par exemple, moi j’écris de la romance. Donc la plupart du temps il y a des scènes explicites. Si au bout de 300 pages, je vois qu’ils n’ont toujours pas consommé leur relation, je commence un peu à stresser ou je me dis : « Oh là là, ça fait déjà 300 pages, il ne s’est rien passé, les gens vont se dire, mais ça arrive quand ? ». Et je me mets cette pression-là. Et au début je me disais : « Il faut que je rajoute une scène ! », et vraiment je me vois me poser devant mon plan en me disant qu’il faut que je rajoute un chapitre genre 100 pages avant quand même, pour qu’il y ait au moins un petit rapprochement, parce que sinon les gens ne vont pas du tout aimer.

Et après je me suis dit : « Mais enfin, pourquoi tu fais ça ? C’est tellement forcé ! Toi, tu l’as pas pensé comme ça ? C’est que ça ne devait pas arriver et c’est toi qui connais le mieux tes personnages. » Et au final, bah du coup maintenant je me mets pas du tout la pression et surtout je vois que ça fonctionne. J’ai eu cette pression pour le tome deux et pour le tome trois par exemple et personne ne m’a rien dit. Donc finalement c’est que ça fonctionne. Mais c’est vrai qu’en fait pour moi ça dépend du livre et ça dépend des personnages. Il y a des personnages qui vont, qui vont être beaucoup plus tactiles très rapidement, qui vont être beaucoup plus explosifs. Il y en a qui vont être beaucoup plus pudiques, beaucoup plus en fait. Voilà, c’est juste, ça dépend. Et du coup on fait en fonction de ça et en termes de codes… Tant qu’on raconte une histoire d’amour, pour moi, il n’y a pas vraiment de code.

C’est vrai qu’il y en a un quand même, un très très gros code en romance, mais moi, je ne dis pas que je le respecterais toujours, c’est le happy ending. Forcément, quand on lit de la romance, il y a un accord tacite entre le lecteur ou la lectrice et l’auteur ou l’autrice qui dit que ça doit bien finir. Même si on vous fait souffrir pendant tout le roman, il faut qu’ils finissent ensemble et qu’ils soient heureux. Moi, je ne suis pas d’accord avec ça. Moi, je ne suis pas d’accord avec ça. Tous tes lecteurs, là, avec cette phrase non, mais ils savent, ils savent. Maintenant, si vous me lisez, vous savez que rien n’est safe avec moi. Mais c’est vrai que jusqu’ici j’ai toujours eu des happy ending. Mais c’est vrai que pour moi ça ne veut rien dire. Une histoire d’amour, elle peut quand même se terminer mal.

Quels conseils donnerais-tu à de jeunes écrivains ?

Alors les conseils que je pourrais donner à quelqu’un qui veut écrire, ça va être avant tout des conseils très psychologiques, parce qu’on a tendance à beaucoup se mettre la pression, à se demander avant même d’écrire qu’est-ce qui va plaire aux gens, qu’est-ce que je peux écrire pour être publiée ? Et ça, vraiment, je pense que c’est vraiment ce qu’il faut pas faire.

Je pense que la question qu’il faut se poser, c’est justement qu’est-ce que moi j’ai envie de lire ? Qu’est-ce que j’ai envie d’écrire ? Qu’est-ce qui me fait plaisir ? Qu’est ce qui m’éclate ? Et du coup, vraiment, le premier conseil, ce serait d’écrire quelque chose qui vous vous plaît, parce que vous êtes la première lectrice ou le premier lecteur de votre roman. Et en fait, si vous écrivez quelque chose qui ne vous plaît pas, ça va se sentir et vraiment ça ne va pas, ça ne va pas être bien. Donc, écrivez quelque chose qui vous amuse avec des personnages que vous aimez, même s’ils sont détestables. Tant que vous les aimez et que vous comprenez pourquoi ils sont comme ça, tout va bien se passer.

Deuxième conseil, ce serait de ne pas se comparer. Et ça, je sais qu’on le fait beaucoup avant d’être auteur. Et en étant auteur aussi, on le fait toujours et encore moins se comparer à des gens qui écrivent depuis des années et des années. Quand vous commencez, il ne faut pas vraiment. C’est vraiment la pire chose à faire, je trouve, parce que ça va vous décourager et surtout parce qu’il n’y a jamais quelqu’un qui écrit mieux ou qui écrit moins bien. On écrit tous. Différemment. Il y en a qui vont peut-être plus chouchouter leur intrigue que leur façon d’écrire. Il y en a qui vont être beaucoup plus poétiques dans leur façon d’écrire, dans leur style, mais du coup qui vont moins se concentrer sur l’intrigue ou sur leurs personnages.

Chacun fait différemment donc vraiment ne pas se comparer et écrire et lancez vous et on verra plus tard. Et surtout, dites-vous que quand vous commencez à écrire, il n’y a rien qui est définitif. Vous allez pouvoir revenir dessus. Si votre premier jet, il est nul, c’est normal. Voilà, c’est normal, les miens aussi, ils seront toujours nuls. Mais après vous pouvez le perfectionner et revenir dessus et rajouter des choses et enlever des choses. Et vraiment rien n’est. Rien n’est figé.

Et un troisième conseil qui est peut être un peu plus technique. Après, ça n’engage que moi, mais moi je vous dirais plutôt de vraiment chouchouter vos personnages. Pour moi, les personnages, c’est vraiment le cœur de votre histoire. Après, encore une fois, c’est que mon avis. Mais je préfère lire une histoire avec une intrigue qui peut être déjà un peu vue et revue, mais avec des personnages qui sont attachants et qui vont vous prendre aux tripes que l’inverse. S’il y a une intrigue qui est vraiment originale, mais avec des personnages que je ne peux pas me voir, ça va vraiment m’enlever tout le bonheur de la lecture. Donc si je peux vous donner un conseil, c’est vraiment chuchoter, chouchouter vos personnages. Et ça ne veut pas forcément dire avoir des personnages parfaits ou attachants. Vos personnages, il ne faut pas qu’ils soient parfaits, justement, il faut qu’ils soient imparfaits, mais même des personnages détestables. Juste, il faut que l’on comprenne pourquoi ils agissent ainsi, tout simplement.