Les problèmes rencontrés le plus souvent dans les scénarios avec Pauline Mauroux

Un roman français a-t-il une chance d'avoir un jour son adaptation au cinéma ? Pauline Mauroux est scénariste, autrice et consultante, dont le premier scénario a été primé par le Grand Prix Sopadin junior en 2016 et qui a écrit un long-métrage diffusé en 2023 sur Amazon Prime Video, La Graine.

Dans cette interview, Pauline Mauroux nous raconte comment fonctionne le cinéma en France, comment un scénario devient un film ou une série, comment un livre peut-il être adapté. Elle nous livre aussi les difficultés du métier de scénariste.

Ici, Pauline répond à la question suivante : quels sont les problèmes que présentent le plus souvent les scénarios ?

Problème de personnages

Le premier point c'était sur le personnage et avoir de l'empathie pour le personnage. Quand j'examinais des scénarios en 2024, je ne sais pas si c'était une tendance ou une mode, mais les personnages étaient assez désabusés, avec un archétype de l'antihéros.

Et c'est intéressant ce genre de personnage. Mais il faut faire attention à ce que le lecteur soit dans l'empathie avec ce qu'il traverse, avec ses problèmes. Et quand tu mets ton personnage dans une position un peu trop désagréable, ça peut être dur de raccrocher les wagons.

Le ventre mou du récit

Un scénario est très codifié et structuré. Une minute à l'écran, ça correspond à une page de ton scénario. Donc en fait, il faut que, à la page 60, ce soit l'heure du film, il faut qu'il y ait le milieu de ton film narratif, il y a vraiment tout est codifié. Chez Netflix en ce moment, c'est la septième page de ton scénario, donc la minute numéro sept de ta série. Il ne se passe pas la fin de ton action avant le début de l'acte deux, ça ne va pas assez vite, Il faut changer de choix et donc c'est très codifié. Et il y a un problème d'attention du public.

En scénario, il y a le fameux ventre mou qui est en gros le milieu du film, la fin de l'acte deux qui manque un peu de peps pour relancer, tu vois, vers le troisième acte. Et souvent les problèmes du ventre mou viennent d'avant. Donc ça vient forcément du début du film où les enjeux n'étaient pas assez précis, les motivations pas assez claires.

Le manque d'originalité

Les modes, c'est terrible, parce que quand tu bosses dans le milieu du film, tu vois très bien qu'en fait c'est toujours la même histoire. En 2014, je ne pourrais plus te dire ce qui était la tendance. Je ne me rappelle pas. Mais le sentiment de relire trois fois la même histoire, c'était terrible.

C'est pour ça que quand il y avait des trucs qui sortaient de la norme, j'essayais vraiment de dire que c'était intéressant, mais forcément ça n'avait jamais été fait, donc il n'avait pas les bons chiffres pour soutenir mon propos.

Après, il y a aussi le truc beaucoup plus en sous-marin. Par exemple : "Il paraît que TF1, en ce moment, ils veulent une série avec deux flics, portée par des femmes" et donc là, tout le monde se met à gratter le projet. Et alors qu'en fait, le temps que ça arrive chez TF1, la phase est passée.