- Oct 22, 2025
Corriger son roman, au delà de l’orthographe | Marina Lombardi, correctrice et fondatrice d’Emendora
Marina Lombardi, fondatrice d’Emendora, accompagne chaque année des dizaines d’auteur·ices dans la dernière ligne droite de leur roman : la correction.
Mais derrière ce mot souvent associé à la peur de la faute, se cache un métier d’écoute, d’analyse et d’accompagnement.
Dans cet épisode du podcast, on a parlé du vrai rôle d’une correctrice, de la relation de confiance avec les auteur·ices, et des trois conseils que Marina donne toujours à celles et ceux qui veulent progresser.
🎧 Cet épisode est sponsorisé par la masterclass “Maîtriser les dialogues et les descriptions” avec Lucie Castel.
Une soirée de formation en direct le mardi 28 octobre à 20h (accessible ensuite en replay) pour apprendre à donner du relief à tes scènes, faire vivre tes personnages à travers leurs mots et capter ton lecteur dès la première ligne.
« À chaque fois, je leur dis : c’est comme si tu allais chez le dentiste et que tu t’excusais d’avoir des caries. Bah oui, mais sinon, j’aurais pas de travail, donc ne t’excuse pas. » — Marina Lombardi
D’un mémoire d’amie à une vocation
Marina n’avait jamais prévu de devenir correctrice.
Après des études de Lettres modernes et un séjour en Nouvelle-Zélande, elle rentre en France en pleine pandémie, un peu perdue sur la direction à prendre. Une amie lui demande alors de relire son mémoire… et lui propose de la payer.
« J’ai réalisé qu’éventuellement, des gens étaient prêts à payer pour qu’on corrige leurs fautes. Et c’est comme ça que ça a démarré. »
Les deux premières commandes arrivent dès la première semaine, puis le bouche-à-oreille fait le reste. Aujourd’hui, Emendora est devenue une véritable agence, avec plusieurs correctrices formées et un suivi personnalisé pour chaque projet.
Corriger, ce n’est pas sanctionner
Beaucoup d’auteur·ices redoutent le moment de la correction, comme s’il s’agissait d’un examen de français.
Pour Marina, c’est tout l’inverse : “Les gens ont peur d’être jugés, alors qu’on est là pour les aider.”
Son objectif ? Rendre le texte fluide, sans trahir la voix de son auteur·ice.
Elle distingue d’ailleurs plusieurs niveaux de travail :
– La relecture simple, qui traque fautes, coquilles, ponctuation et typographie.
– Le pack approfondi, où elle s’attaque aussi aux tics de style et aux répétitions.
– Le pack complet, dans lequel elle analyse la cohérence narrative, la densité des paragraphes et la qualité de la langue, avant de livrer un diagnostic d’écriture.
Mais quelle que soit la formule, le mot d’ordre reste le même : adapter la correction au style de l’auteur.
“S’ils ne sont pas à l’aise avec le fait qu’on reformule leurs phrases, on ne reformule pas, et puis c’est tout.”
Un métier de confiance
Ce qui revient souvent dans la bouche de Marina, c’est cette idée de relation de confiance.
Elle prend le temps d’expliquer ses choix, d’annoter, d’échanger avec les auteur·ices, et de les rassurer, surtout quand il s’agit de leur premier manuscrit.
“Je tiens l’auteur au courant en cours de route, je trouve que c’est important. Une correction, c’est un accompagnement.”
Et quand on l’interroge sur la honte que ressentent beaucoup d’auteur·ices à l’idée d’envoyer un texte plein de fautes, elle rit doucement :
“C’est comme si tu allais chez le dentiste et tu t’excusais d’avoir des caries… Bah sinon, j’aurais pas de travail !”
Une phrase à la fois drôle et bienveillante, qui résume à merveille sa philosophie : la correction n’est pas une punition, mais une étape nécessaire dans la vie d’un texte.
Les fautes les plus fréquentes… et ce qu’elles révèlent
Quand on lui demande quelles erreurs reviennent le plus souvent, Marina sourit :
“‘Après que’ avec le subjonctif, les participes passés, les dialogues plats, et les fameuses phrases toutes faites comme ‘je relâche une respiration que je ne savais pas retenir’.”
Des erreurs qu’elle analyse sans jugement : “Ce sont souvent des automatismes, des phrases qu’on a lues mille fois ailleurs. Le plus important, c’est de les repérer pour mieux les éviter ensuite.”
Et si la correction aide à améliorer le texte, elle apprend aussi beaucoup à l’auteur·ice.
“Souvent, on me dit : j’ai appris plus en lisant mes corrections qu’en regardant des tutos sur la grammaire.”
D’Emendora à l’agence : professionnaliser la correction
Face à la demande croissante, Marina a fondé Emendora, une agence qui regroupe plusieurs correctrices indépendantes partageant la même exigence.
Elle supervise chaque dossier, garantit la cohérence de méthode, et repasse derrière les textes si besoin.
“C’est très important pour moi qu’au-delà de la qualité de la correction, l’expérience soit la même pour tout le monde.”
Elle veut aussi rendre cette étape plus accessible, notamment pour les auteur·ices indépendants qui pensent encore que la correction professionnelle est réservée à l’édition traditionnelle.
Les trois conseils de Marina pour mieux écrire
Avant de conclure, Marina partage trois conseils simples pour progresser avant même la correction :
Désactive le correcteur automatique : Tu apprendras bien plus vite en vérifiant toi-même tes fautes qu’en laissant ton téléphone deviner à ta place.
Liste tes tics d’écriture : fais une recherche “Ctrl + F” sur tes mots les plus utilisés pour les repérer et les varier.
Travaille ta ponctuation : lis à voix haute et place les virgules pour guider la respiration. Une belle phrase mal ponctuée, c’est comme une musique sans rythme.
Conclusion : corriger, c’est aimer les mots
Ce qu’on retient de cet échange, c’est qu’une correction réussie n’est pas un passage obligé, mais une rencontre.
C’est un regard professionnel posé sur un texte, sans jamais éteindre la voix de celui ou celle qui l’a écrit.
Et si on arrêtait d’avoir honte de nos fautes pour les voir enfin comme ce qu’elles sont : la preuve qu’on écrit ?
✍️ Pour aller plus loin
Découvre la masterclass “Maîtriser les dialogues et les descriptions” avec Lucie Castel, le mardi 28 octobre à 20h.
Une soirée complète pour comprendre comment construire des scènes marquantes et des échanges vivants.
À PROPOS
Hey, ici Margot Dessenne
Je suis autrice de SF Young Adult, hôtesse du podcast Les Mots Raturés et j'ai pour objectif d'aider les écrivains à mieux comprendre le monde de l'édition pour construire une carrière durable.
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